J’ai des souvenirs de ma grande famille, réunie dans la maison de ma grand-mère, un après-midi chaud et joyeux.

Les femmes riaient, parlaient fort, et laissaient flotter dans l’air des parfums qui, aujourd’hui encore, me ramènent à ce moment : la fleur d’oranger, le café, la terre humide du Ghassoul, et la fumée apaisante de la Saghina.

Ce n’était pas qu’un soin de beauté — c’était un rite de vie, un moment d’amour et de complicité entre femmes.

Je revois ma mère, le visage éclairé d’un sourire tranquille, mélanger le Ghassoul avec quelques gouttes d’Alma Ward.

Sa peau brillait sous la lumière du soleil, douce et pure comme un souvenir d’enfance.

Ma tante, elle, préparait le Saboun Al Baldi, pendant que la vapeur du hammam emplissait la pièce d’un parfum d’eucalyptus.

Et ma grand-mère — l’âme de la maison — faisait brûler la Saghina.

La fumée montait lentement, bénissant la pièce, apportant calme et sérénité.

Puis venait le moment le plus magique : l’Akkar El Fassi.

Elles prenaient un peu de cette poudre rouge, la mélangeaient à l’eau, et en coloraient leurs lèvres d’un ton profond et naturel.

Je les regardais, fascinée.

C’était leur secret de beauté, transmis de génération en génération — un symbole de grâce, de confiance et de fierté.